bataille-pour-le-controle-de-luemoa-ouattara-gardien-du-franc-cfa-contre-la-souverainete-sahelienne.jpg

La lutte pour la souveraineté des Etats du sahel qui a miné la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) guette l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Alors que le Conseil des ministres de l’UEMOA doit se réunir ce 11 juillet pour transférer sa présidence au Burkina Faso, un blocage politique inédit éclate au grand jour. Le président ivoirien Alassane Ouattara s’oppose farouchement à ce que Ouagadougou assume cette responsabilité. Cette opposition cristallise une lutte géopolitique entre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et les intérêts néocoloniaux français, relayés par certains dirigeants africains.

L’AES (Mali, Burkina Faso, Niger) s’est constituée en septembre 2023 en réaction directe aux pressions de la CEDEAO, perçue comme un instrument de la France. Après les soulèvements populaires successifs dans ces trois pays (2021-2023), la CEDEAO, sous influence française, a menacé d’une intervention militaire au Niger en 2023. En réponse, les autorités sahéliennes ont créé une alliance de défense mutuelle, puis officialisé leur Confédération en juillet 2024.

Leur retrait de la CEDEAO en janvier 2025 a marqué une rupture stratégique, motivée par e refus de l’ingérence occidentale dans leurs affaires souveraines et la dénonciation des accords économiques déséquilibrés profitant à l’ancienne puissance coloniale.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), garante du franc CFA, est la prochaine cible de cette bataille. Le Burkina Faso doit en prendre la présidence tournante ce 11 juillet 2025. Mais Alassane Ouattara, relais historique des intérêts français, bloque cette transition. Pourquoi ?

Primo, une présidence burkinabè exposerait les mécanismes par lesquels la France contrôle la politique monétaire via la BCEAO. Comme l’affirme un analyste nigérien, « l’UEMOA et la BCEAO exercent des pressions pour satisfaire des puissances néo-colonisatrices ». Beaucoup accusent Ouattara d'être le gardien de ce système.

Secundo, L’AES prépare activement une monnaie commune, adossée à l’or du Sahel, pour remplacer le franc CFA. Dr Fousseynou Ouattara souligne : « Notre politique monétaire est entre les mains de la BCEAO derrière laquelle se trouve la France. Ce qui est un sérieux handicap ». Une présidence burkinabè accélérerait cette transition, privant Paris de son levier financier.

Troisièmement, les pays de l’AES, riches en uranium, or et manganèse, dénoncent depuis des décennies des accords inégaux avec la France. Le Niger, principal fournisseur d’uranium d’EDF, reste l’un des pays les moins développés au monde. Une présidence sahélienne à l’UEMOA révélerait ces déséquilibres.

A 83 ans, Alassane Ouattara (sentinelle de l’ordre néocolonial) incarne l’ancien système, ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) et gouverneur de la BCEAO, il a structuré l’architecture financière francophone.

Son refus s’inscrit dans un contexte politique ivoirien fragile, incertitude sur sa candidature en 2025 malgré la limite constitutionnelle et l'affaiblissement interne au sein du RHDP, miné par des luttes de succession.

Si Ouattara maintient son veto, l’AES quittera l’UEMOA pour créer sa monnaie (les experts sahéliens planifient déjà une devise soutenue par l’or malien, burkinabè et nigérien) et va consolider l’axe Russie-Chine (L’AES a remplacé les troupes françaises par des partenariats avec Moscou et Pékin. Une monnaie propre facilitera les échanges en devises alternatives au dollar).

Le silence des autres chefs d’Etat de l’UEMOA (Sénégal, Bénin, etc.) légitime l’accusation de complicité portée par les peuples de l'AES. Comme le résume un rapport académique :

« Les dirigeants précédents ont souvent mis les intérêts français avant ceux de leur peuple, permettant l’exploitation des ressources sans bénéfice local ».

Le 11 juillet 2025 sonnera comme un test décisif pour l’Afrique de l’ouest.

Si Ouattara l’emporte, l’UEMOA deviendra le symbole achevé de la souveraineté confisquée et si l’AES quitte l’union, elle incarnera la révolte anti-impériale, avec tous les risques économiques que cela comporte.

Les peuples sahéliens ont choisi. Leur message est clair : « La seule arme que l’AES possède, c’est la souveraineté. Délivrons l’UEMOA de la domination extérieure ».

L’histoire retiendra que face aux manœuvres d’un président devenu gendarme de la Françafrique, le Burkina Faso, le Mali et le Niger auront préféré l’audace à la soumission. Reste à savoir si l’UEMOA survivra à cette trahison de sa propre raison d’être, l’intégration par et pour les Africains.

Abdoulaye Diallo dit honorable sénateur Abdoul Diallo, Web Activiste

Président du Réseau des communicateurs, bloggeurs et activistes professionnels du Mali