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ETAT POLICIER. La théorie du complot a le vent en poupe. En Côte d'Ivoire, tout, en dehors des manifestations de soutien au chef de l'Etat, est devenu complot et insurrection à l'effet d'étouffer les sons discordants.

Ainsi, la grève du 15 au 17 octobre 2024 des fonctionnaires et agents de l'Etat de plusieurs départements ministériels (Éducation nationale et Enseignement supérieur, Culture et Francophonie, Femme et Enfant) a aussitôt été assimilée à "une menace pour la paix sociale".

Alors, le ministère de la Fonction publique, déclarant cet arrêt de travail interdit, a rapidement sorti le bâton des représailles (suspension de salaire, affectation punitive, etc.). Et les forces de l'ordre sont déployées partout dans les établissements (photo).

La Côte d'Ivoire, victime d'amnésie, ne se rappelle plus l'article 17 de sa propre Loi fondamentale. Qui dispose: "Le droit syndical et le droit de grève sont reconnus aux travailleurs du secteur privé et aux agents de l'administration publique. Ces droits s'exercent dans les limites déterminées par la loi."

C'est dans ce même cadre que l'Etat reste sur le pied de guerre, interdisant également toute autre manifestation pacifique, destinée à dénoncer la gestion du régime Ouattara. Et ses organisateurs, des pestiférés sont arrêtés, jetés en prison et condamnés pour "trouble à l'ordre public" et "menace contre la sécurité de l'État."

La Côte d'Ivoire a royalement, là aussi, jeté aux orties sa propre Constitution. Son article 20 dispose: "Les libertés d'association, de réunion et de manifestation pacifiques sont garanties."

Les Ivoiriens, dans le préambule de la Loi fondamentale, réaffirment leur "détermination à bâtir un Etat de droit". Le pouvoir leur sert un Etat policier pour cultiver, au forceps, l'unanimisme. Silence, on gouverne.

Une contribution de F. M. Bally