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Côte d’Ivoire / PDCI-RDA : Thiam se met en congé de la présidence

 

JEU D'OMBRES. Dans les eaux troubles de la politique ivoirienne, Cheick Tidjane Thiam n'a eu d'autre choix que de se mettre en congé de la présidence du PDCI-RDA au profit du doyen d'âge du parti, Ernest Nkoumo Mobio.

Il en devient le président délégué pour laisser passer l'orage. Un Bureau politique du parti est convoqué en urgence ce lundi 12 mai 2025. Et c'est une course contre la montre qui est engagée.

Le jeu d'ombres pour sceller le sort de Tidjane Thiam a transformé la justice ivoirienne en un théâtre aux mains de marionnettistes et ventriloques, qui se livrent une lutte sans merci de pouvoir.

Ainsi, à Tiassalé, le député-maire Assalé Tiémoko a fait chou blanc dans ses démarches, en 2023, pour les élections municipales. Le président du tribunal s'étant déclaré incompétent, il n'a pas obtenu la radiation de la liste électorale, pour défaut de nationalité ivoirienne, de certains individus présentés comme des militants du RHDP, parti au pouvoir.

En revanche, à Abidjan et pour les mêmes faits, des requérants sont parvenus à leurs fins. Ils ont obtenu, devant le tribunal, la radiation du président en exercice du PDCI-RDA de la liste électorale, en avril 2025, et son élimination de la course à la magistrature suprême du 25 octobre 2025, surtout qu'aucune révision de la liste électorale n'est annoncée avant le scrutin.

De plus, Tidjane Thiam n'est pas au bout de ses peines. Il reste encore et toujours dans le collimateur de la justice. Son adversaire juré est dame Valérie Yapo, qui ne lui pardonne pas de l'avoir ignorée pour porter son choix sur Yapo Calixte comme son haut représentant dans la Mé, sa région.

Membre du Bureau politique du parti, elle a donc mis sa tête à prix. Arguant qu'il n'était pas Ivoirien au moment de son élection comme président du PDCI-RDA, en décembre 2023, elle réclame son dégommage de la direction du parti, l'annulation de toutes ses décisions et la mise du parti sous administration provisoire.

Après la victoire judiciaire des requérants, la menace est prise très au sérieux d'une décapitation annoncée du plus vieux parti de Côte d'Ivoire. Et il faut parer au plus pressé. Alors, autant le parti avait tenté d'anticiper la plainte de dame Yapo contre sa suspension du Bureau politique, en la réintégrant avant le prononcé de la décision du tribunal en février dernier, autant le président démissionnaire du PDCI-RDA vient de monter au créneau à l'effet de rendre sans objet la procédure actuelle enclenchée justement parce que le parti, en croyant privilégier le dialogue en interne, a fait machine arrière en février.

Et cela a été vu comme un aveu de faiblesse par l'accusation, qui est, depuis lors, passée à la vitesse supérieure avec ses soutiens. Aussi, la guerre dont l'ancien parti unique est l'objet, en réalité pour sa dislocation, à défaut de sa disparition, fait-elle rage dans le landerneau.

Une contribution de F. M. Bally