Côte d’Ivoire-Présidentielle 2025 : Processus cadenassé
C'est le temps de l'exclusion des candidats à l'élection présidentielle. Les autorités ivoiriennes accréditent la morale de la fable "Le corbeau et le renard": Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Le chef de l'Etat en personne et des membres du gouvernement ont tous adopté la politique du miroir aux alouettes pour mieux mener tout le monde en bateau. Et maintenant, plus personne ne réclame un scrutin inclusif. Plus personne ne revendique une élection concurrentielle.
Au pied du mur, tout le processus électoral a été cadenassé par Alassane Ouattara, "le spécialiste en chef du verrouillage", selon Pascal Affi N'guessan. La grande peur de perdre le pouvoir, malgré un bilan prétendu "inattaquable", a ainsi prévalu avec une arme de démolition politique: la justice.
De ce fait, si d'un côté le RHDP prépare son deuxième Congrès ordinaire afin de plébisciter Alassane Ouattara, son président, pour un autre passage en force, c'est-à-dire son quatrième mandat illégal et anticonstitutionnel, de l'autre, il mine le terrain politique.
Et alors, tous les principaux candidats de l'opposition - Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Soro Guillaume - sont rayés de la liste électorale définitive, qui sera publiée le mercredi 4 juin 2025. D'une pierre deux coups: le RHDP part pour triompher sans gloire et le pays va encore vivre une alternance sans alternative.
Ignorant royalement les revendications de ses adversaires, le pouvoir continue de faire la sourde oreille. La liste, truffée d'irrégularités, ne sera pas auditée et une nouvelle révision de la liste électorale n'est pas à l'ordre du jour avant le 25 octobre 2025.
C'est sachant que ce double standard est susceptible de conduire à des troubles, que le pouvoir bande les muscles, en menaçant ouvertement. Il a équipé ou équipe les forces de l'ordre et de sécurité avec de nouveaux matériels dont certains sont présentés pour montrer leur puissance afin de faire peur et ne pas pouvoir en faire usage.
D'autre part, le pouvoir assiste au déploiement et au renforcement de la force parallèle des dozos dans des zones du centre-ouest et de l'ouest, considérées comme à risques, pour annihiler toute velléité de résistance ou de soulèvement. Et les cellules dormantes des microbes et autres ex-combattants de la rébellion armée se trouvent aux aguets.
Sauf que, dans leur tour d'ivoire et gagnés par "l'orgasme du pouvoir", les dirigeants ne regardent plus leur propre passé et oublient qu'aucun régime n'est jamais et indéfiniment à l'abri d'événements imprévus ou incontrôlables.
En effet, même si comparaison n'est pas raison, des faits instruisent. Le régime autoritaire voire tyrannique de Ben Ali, qui avait verrouillé toutes les libertés individuelles et publiques, a fini par voler en éclats en décembre 2010. Il a simplement suffi d'une allumette, l'immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi dans le bled de Sidi Bouzid, pour mettre le feu aux poudres de la révolution tunisienne.
Une contribution de F. M. Bally