Côte d’Ivoire : Radié de la liste électorale, Thiam saisit l’ONU
COUP D'ÉPÉE DANS L'EAU ? Cheick Tidjane Thiam n'entend pas jeter le manche après la cognée. Il a échoué devant la justice ivoirienne, qui tarde à lui délivrer un certificat de nationalité; et il a été radié de la liste électorale alors que le PDCI-RDA l'a plébiscité pour défendre ses couleurs à la présidentielle du 25 octobre 2025.
De ce fait, il continue sa lutte contre ce qu'il qualifie d'arbitraire. Son lobbying en Europe ne donnant les résultats escomptés, il a saisi le Comité des droits de l'homme (CDH) des Nations-Unies, pour espérer être rétabli dans ses droits civils et politiques.
Cet organe de l'ONU est chargé de veiller au respect du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États qui l'ont ratifié, comme la Côte d'Ivoire, mais il n'émet que des recommandations qui, en tant que telles, ne sont pas exécutoires.
A l'issue de la 47è session de l'Examen périodique universel du CDH, en novembre 2024 à Génève, le ministre de la Justice, Jean Kambilé Sansan, a joué sur cette faiblesse. Aux organes de presse qui jubilaient, en titrant "Processus électoral: l'ONU exige un dialogue politique avec l'opposition avant la présidentielle", il a voulu rétablir les faits.
"Il convient d'indiquer que ces recommandations n'ont, à ce stade, aucune valeur contraignante; l'État examiné pouvant, en toute souveraineté, décider d'accepter ou de rejeter l'une ou l'autre de ces recommandations," s'est-il félicité.
Résultat, le pouvoir ivoirien n'a eu cure de ces recommandations et est resté ferme sur son refus d'ouvrir le dialogue avec l'opposition, menant le bras de fer pour démolir ses adversaires.
Aussi, la saisine du CDH pourrait-elle ne garantir rien de probant et courir le risque de se révéler un autre coup d'épée dans l'eau, surtout dans un pays, qui se rebelle contre les décisions juridiques en sa défaveur.
En effet, le 28 avril 2020, l'État n'a pas seulement refusé d'exécuter la décision de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP, justice de l'UA), qui lui demandait de surseoir à l'application du mandat d'arrêt international émis contre Soro Kigbafori Guillaume, il a claqué la porte de cette juridiction africaine, accusée de "saper les bases de l'État de droit par l'affaiblissement des juridictions nationales".
De ce fait, aucun Ivoirien ni aucune organisation de ce pays ne peut désormais saisir la Cour africaine. Mieux, toutes ses décisions, comme la réintégration de Laurent Gbagbo et Soro Guillaume sur la liste électorale, ont été considérées comme nulles et de nul effet par les autorités.
Par conséquent, le président de l'ancien parti unique engage un combat de titans, dans le duel de David contre Goliath. Les carottes ne sont pas cuites, mais en trois mandats, de la CEDEAO, où l'État comparaît devant la Cour de justice pour l'annulation du parrainage citoyen, à l'ONU en passant par l'Union africaine, le chef de l'État ivoirien, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, a établi un "bilan inattaquable" dans l'autoritarisme décrié.
Une contribution de F. M. Bally