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La démission inattendue du leader de l’opposition ivoirienne, Tidjane Thiam alimente depuis le dimanche 11 mai 2025, la presse et les réseaux sociaux, si certains la qualifient d’échec ou d’abandon, d’autres y voient un repli stratégique de l’ancien patron du Crédit Suisse, pour mieux sauter, dans le marigot politique ivoirien.

La deuxième hypothèse parait la plus plausible au regard de ce revirement de situation dans l’actualité politique au PDCI. Car, en réalité, cette démission de Tidjane Thiam -alors que toute l’opinion nationale et internationale, est suspendue au verdict du procès en destitution à la présidence du PDCI, intenté contre lui par Valerie Yapo, une militante en disgrâce avec la direction du parti depuis des mois, n’est rien d’autre qu’une stratégie bien orchestrée par les dirigeants du plus vieux parti de la Côte d’Ivoire, pour déjouer une liquidation minutieusement organisée par des mains obscures.

Le PDCI déjoue ainsi une liquidation qui pourrait être déclenchée par le verdict que rendra la justice le 15 mai prochain dans le procès qui oppose Tidjane Thiam à ses détracteurs qui ont déjà réussi grâce une décision de justice à obtenir sa radiation de la liste électorale, sous prétexte qu’il n’était pas Ivoirien au moment où il s’inscrivait sur la liste électorale. Et quand on sait que cette même justice va s’inspirer de ce même motif lié à la nationalité du leader du PDCI, il est évident qu’après sa radiation de la liste électorale, sa destitution à la tête du PDCI devra être prononcée.

C’est donc pour éviter non seulement cette humiliation mais surtout ce projet de mains obscures visant à contrôler par procuration le PDCI que les dirigeants de ce parti sortent le grand jeu, à travers cette démission de Tidjane Thiam, suivi immédiatement le même jour, de la désignation de l’ancien maire central d’Abidjan, Ernest N’koumon Mobio, le doyen d’âge des Vice-présidents, en qualité de président par intérim jusqu’au prochain congrès extraordinaire qui a fort heureusement plébiscité Tidjane Thiam.

Autre preuve que cette démission de Tidjane Thiam n’est pas un abandon : à peine nommé, le premier acte d’Ernest N’koumon Mobio est de remettre le président démissionnaire Tidjane Thiam qu’on dit avoir jeté l’éponge, dans le jeu politique, en le nommant président délégué du parti. A ce titre, il assistera le nouveau président par intérim dans la gestion et la direction du parti, jusqu’à l’élection d’un nouveau président du PDCI-RDA.  

Ce changement à la tête du PDCI, loin d’être une abdication face au pouvoir et à ses détracteurs, est la stratégie du PDCI pour éviter d’être liquidé à travers une mise sous tutelle ou contrôle judiciaire, en cas de destitution de son président. Le parti septuagénaire évite ainsi de subir le même sort que des partis comme le FPI, le PIT et le MFA qui, en proie à des incompréhensions internes, se sont retrouvés devant les tribunaux dans des procès qui ont conduit à leur liquidation pure et simple.

 Ainsi, ces partis ont échappé au contrôle de leurs vrais dirigeants, au grand désarroi des militants et des sympathisants. Au FPI, l’un des cas les plus marquants, l’ancien président Laurent Gbagbo a dû laisser le parti qu’il a qualifié d’enveloppe vide à Affi N’guessan, pour aller créer une nouvelle organisation, le Parti des peuples africains section Côte d’Ivoire (PPA-CI), en laquelle se reconnaissent désormais de nombreux militants et sympathisants du FPI.

Tidjane Thiam a été réélu à la tête du PDCI au congrès extraordinaire de ce mercredi 14 mai 2025 à la maison du parti à Cocody.  

                                                               Eric Tapé