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François Fillon et Alain Juppé s’affronteront dimanche 27 novembre au second tour de la primaire de la droite et du centre. Alors que le premier veut supprimer 500 000 postes dans la fonction publique, son adversaire s'arrête à 300 000. Tous les deux veulent aussi réformer le statut de la fonction publique. Décryptage de ces propositions.

Supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, est-ce possible ? Le candidat Fillon assure que oui. En garantissant en plus qu'aucun fonctionnaire ne perdra véritablement son emploi. Selon lui, près de 600 000 fonctionnaires vont partir à la retraite d'ici cinq ans. Il suffira donc de ne remplacer que 100 000 d'entre eux. Un demi-million de postes de policiers, d'enseignants, d'infirmiers ou d'agents territoriaux pourraient ainsi disparaître, soit près de 10 % des effectifs actuels de la fonction publique.

Pour permettre aux services publics de continuer à fonctionner de la même manière, François Fillon propose de faire travailler davantage les fonctionnaires déjà en poste en passant des 35 heures légales à 39 heures par semaine. François Fillon cible notamment les agents de la fonction publique territoriale. Certains, comme les personnes chargées de l'entretien des routes, par exemple, travaillent plutôt 32 heures par semaine, indique Bernard Vivier, de l’Institut supérieur du travail. Un rythme plutôt favorable dû à la prise en compte de la pénibilité du travail pour ces personnes.

Réduire le budget de l'Etat

François Fillon et son concurrent au second tour de la primaire veulent tous deux réaliser des économies dans le budget de l'Etat. La rémunération des agents de la fonction publique représente 41 % des dépenses du budget national. Pour réaliser 100 milliards d'économies comme il le propose, François Fillon entend donc taper sur ce gigantesque poste de dépenses. Mais la rémunération des quatre heures hebdomadaires supplémentaires qu’il souhaite instaurer va coûter à l'Etat et aux collectivités.

Certains syndicats avouent d’ailleurs ne pas comprendre la logique de François Fillon sur ce point. « Il veut faire 15 milliards d'euros d'économie en supprimant tous ces postes de fonctionnaires. Mais en même temps, il en dépense autant en augmentant le salaire de tous les autres », s’étonne par exemple Jean-Marc Canon, de la fédération CGT des services publics (UGFF-CGT).

Réformer le statut de la fonction publique

François Fillon et Alain Juppé proposent également de réformer le statut de la fonction publique. Aujourd'hui, les agents du service public sont « invirables », ou presque. Un fonctionnaire ne peut être révoqué que pour faute grave ou à la suite d’un délit, alors que les salariés du privé peuvent être licenciés quand leur entreprise se retrouve en difficulté. Selon les deux candidats à la primaire, le statut de la fonction publique est trop rigide. François Fillon veut le passer « à la paille de fer ». Son adversaire veut augmenter les possibilités de licenciement d’un fonctionnaire, par exemple quand il refuse de déménager ou de prendre un poste lors d'une réorganisation.

Face à ces promesses, les syndicats sont partagés. La CFDT et l'UNSA, par exemple, dénoncent des propositions passéistes et dangereuses pour l'avenir des services publics. Mais ces mêmes syndicats estiment que ce ne sont pour l'instant que des promesses dans le cadre d'une primaire. Des promesses adressées à un électorat particulier. D’après ces mêmes syndicats, quand il s'agira de parler à l'ensemble des électeurs, et donc à tous les fonctionnaires, lors de la présidentielle, ces promesses devraient être fortement révisées.

Rfi