France: Emmanuel Macron a présenté sa démission du gouvernement
Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a présenté sa démission du gouvernement ce mardi 30 août 2016 « pour se consacrer entièrement à son mouvement politique », a annoncé l'Elysée. Emmanuel Macron a rencontré le président Hollande dans l'après-midi pour lui remettre sa démission. A tout juste 38 ans, le jeune ex-ministre est susceptible de se porter candidat à l'élection présidentielle de l'an prochain.
Emmanuel Macron, lors d'une allocution depuis Bercy mardi soir, a indiqué avoir démissionné après avoir « touché du doigt les limites de notre système politique », qui l'entravaient dans sa volonté de réforme. Notre système « pousse à des compromis de dernière minute, car le travail d'explication est rarement mené. Il fait la part belle aux peurs des uns et des autres », a-t-il encore jugé.
Un coup dur pour Hollande ?
François Hollande s’était lancé, ce mardi, dans un agenda diplomatique chargé, avec un discours délivré aux ambassadeurs à l’Elysée. L’occasion de faire, entre autres sujets brûlants à l’international (Syrie, Russie...), une déclaration attendue au sujet du très décrié projet de traité de libre-échange transatlantique (TTIP, ou Tafta), confirmant que la France allait demander l’arrêt des négociations dans l’immédiat, en raison d’un « déséquilibre évident » en faveur des Américains.
Une annonce politiquement importante, parmi d'autres - et même un signal envoyé à son camp et à la gauche avant la campagne présidentielle de 2017. Sauf que tout va décidément mal pour le chef de l’Etat français, qui tente depuis des semaines de prendre de la hauteur et de reprendre la main, puisque son ministre de l’Economie s’est décidé à le lâcher le même jour. Emmanuel Macron a en effet annoncé à ses collaborateurs qu’il allait présenter sa démission du gouvernement au chef de l’Etat ce mardi à 15 h.
« Il a annoncé à son cabinet et aux directeurs de Bercy qu'il quitterait le gouvernement après avoir présenté sa démission dans l'après-midi au président de la République à l'Elysée », selon l’une des sources citées par l’Agence France-Presse au sein du ministère de l'Economie, confirmant une information relatée dans la presse un peu plus tôt, mais anticipée de longue date tant le populaire ministre avait pris ses distances avec les deux têtes de l'exécutif.
Après la démission de Macron, Michel Sapin a été nommé ministre de l'Economie et des Finances, a annoncé l'Elysée dans l'après-midi.
Une éventuelle candidature ?
Ces derniers mois, le ministre de l’Economie avait multiplié les signes de prise d’indépendance vis-à-vis du Premier ministre et du président. Nommé à la tête de Bercy, un mastodonte, en août 2014 en remplacement d'Arnaud Montebourg, M. Macron avait été jusqu'à créer, en avril dernier, un mouvement politique à sa main, baptisé « En marche ». Et d'organiser un meeting parisien le 12 juillet, au cours duquel il avait promis à ses soutiens « la victoire » en 2017.
Emmanuel Macron avait été, pendant la première partie du quinquennat, le secrétaire général adjoint doublé d'un influent conseiller économique du président à l'Elysée. Mais au palais présidentiel, personne n’a l’air vraiment surpris par son départ tant les rumeurs persistaient, confie notre envoyée spéciale sur place, Anissa El Jabri. En revanche, « faire ça maintenant », ça gâche la journée, explique un proche du président.
Le rendez-vous entre MM. Hollande et Macron n’était d’ailleurs pas inscrit à l’agenda. Le chef de l'Etat, qui aime tant temporiser, « donner du temps au temps » comme disait François Mitterrand, se retrouve ainsi plus que jamais bousculé par les siens, lâché par un homme qui ne s’est jamais présenté aux élections, mais qu’il avait fait entrer en politique par la grande porte. Une image de faiblesse inédite pour M. Hollande.
Issu de la promotion Senghor de l'Ecole nationale d'administration (ENA, 2004), inspecteur des finances, le ministre démissionnaire, honnis par une partie de la gauche pour ses prises de position iconoclastes pourrait dorénavant se préparer à une éventuelle candidature au scrutin d'avril et mai 2017, sans que l'on sache s'il compte passer par une primaire. Son passage à Bercy aura notamment été marqué par l'adoption d'une vaste loi sur « la croissance et l'activité ».
Rfi