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C’est confirmé : Salah Abdeslam, traqué depuis le 13 novembre, a été arrêté à Molenbeek (Belgique) vendredi 18 mars. L’homme est l’un des derniers suspects-clés des attentats de Paris, devenu depuis l’ennemi public numéro 1.

126 jours plus tard 

Quatre mois après les attentats du 13 novembre, son visage est affiché dans toute l’Europe : 1mètres75, yeux marrons, cheveux gominés, mention \" individu dangereux\". Pendant 126 jours, Salah Abdeslam parvient à échapper à la police. Mais mardi 15 mars, les choses s’accélèrent : une perquisition de routine à Bruxelles (Belgique) tourne mal. Des policiers français et belges doivent faire face à des tirs. Quatre d’entre eux sont blessés. Une vaste opération s’engage alors, aboutissant sur la mort de Mohamed Belkaid, un Algérien contrôlé début septembre, en Autriche, en compagnie… de Salah Abdeslam. 

Petit à petit, l’étau se resserre : vendredi, le parquet fédéral belge annonce que les empreintes du fugitif ont été retrouvées dans l’appartement perquisitionné. A peine quelques heures plus tard, Salah Abdeslam est arrêté en compagnie d’un autre homme, au moins, après une fusillade dans laquelle il est blessé à la jambe.

Dans la soirée, le Premier ministre belge Charles Michel confirme : Salah Abdeslam, en compagnie de deux autres hommes, a bien été arrêté. François Hollande affirme dans la foulée que la France va mettre en oeuvre, au plus vite, une procédure d\'extradition.

Une question, elle, demeure : comment Salah Abdeslam a-t-il pu passer d’un petit caïd fêtard au statut de \"dixième homme\" des attentats les plus meurtriers jamais commis en France ? 

Une jeunesse \"presque\" normale 

En Belgique, à Molenbeek, quartier défavorisé de la capitale, Salah Abdeslam n’a pourtant pas laissé l’image d’un apprenti jihadiste. A l’instar de ses frères, Mohamed et Brahim – ce dernier est l’un des kamikazes du 13 novembre – le jeune Salah a grandi dans une famille \"ouverte et libérale, pas portée sur la religion\", selon les dires de Me Olivier Martins, l’ancien avocat de Brahim Abdeslam, mort le 13 novembre et membre du \"commando des terrasses\". 

Sa jeunesse pourrait être qualifiée d’ordinaire. Jamal, éducateur et copain des deux frères, dresse le portrait de garçons qui \"aimaient le foot, sortaient en boîte, revenaient avec des filles\". Youssef, une autre connaissance, explique encore que les frères Abdeslam étaient de \"gros buveurs, de gros fumeurs, mais pas des radicalisés\". On est alors bien loin du jihad et de sa philosophie mortifère.

Le facteur Abaaoud

 

Puis, un jour, ce parcours relativement normal va prendre un virage inattendu. Ce que Jamal résume par de  \"mauvaises rencontres\" survenues \"au mauvais moment\". Et ce virage porte un nom :Abdelhamid Abaaoud, futur \"tête d’affiche\" du jihadisme belge et organisateur présumé des attentats du 13 novembre. 

Se liant d’amitié avec Salah Abdeslam, les deux hommes deviennent inséparables et font \"les 400 coups\", affirment des proches à l’AFP. Une habitude qui mène le duo tout droit en prison, en 2010, après un braquage. 

\"Un chouette gars\"

En 2015, après le démantèlement de la cellule jihadiste de Verviers (Belgique), Salah Abdeslam sera interrogé sur Abaaoud. \"Un chouette gars\", selon lui. A ce moment-là, Abdelhamid Abaaoud est déjà en Syrie depuis deux ans et occupe un rôle important dans l’organisation de Daesh. Une information que Salah Abdeslam ne pouvait pas ignorer. 

La radicalisation à proprement parler, Salah Abdeslam commence à la toucher du doigt à l’ouverture d’un bar, qu’il tient avec son frère, deux ans plus tôt. Une affaire de famille, \"Les Béguines\", où les fumées de marijuana commencent doucement mais sûrement à se mêler aux discours propagandistes de Daesh et aux \"appels à la guerre\", témoigne un habitué des lieux.