Côte d’Ivoire / victime d’AVC, Guéhi Vêh (comédien): « J’ai failli mourir en octobre dernier… Je n’ai plus les moyens »
L’on se souvient des scènes humoristiques du comédien Guéhi Vêh (acteur du téléfilm « Faux pas fâcher). Paralysé suite à un Accident vasculaire cérébral (Avc) depuis plus d’un an, il n’a plus le sourire qui faisait de lui le comédien hors pair. Isolé dans un bas quartier de Port-Bouët, nous l’avons rencontré dans un état pathétique, en présence de son épouse.
Comment vous sentez-vous après un long silence dû à votre état de santé ?
(Il ouvre difficilement la bouche. Avec une voix tremblante, il nous répond). Je vous remercie d’être venu vers moi pour me soutenir. Pour vous répondre, je vous laisse apprécier ma forme actuelle. Je n’arrive pas à vous expliquer ce que je vis. Je vais bien. (Ndlr : Il avait l’air anxieux, très amaigri.
Sa femme : Il y a des mots qu’il a oubliés. C’est ce qui le fatigue. Selon les médecins, il est stable. Ça va. C’est vrai que ce n’est pas comme avant. Mais, il arrive à se déplacer.
Souvenez-vous de ce qui s’est passé lors de votre chute qui vous a conduit à la maison ?
Sa femme : Il ne se souvient pas. C’est l’une de ses collègues qui l’a ramené dans un état critique.
Qu’est-ce que les médecins vous ont confié après plusieurs mois de soins?
Je suis en rééducation de la maladie d’Avc qui m’a affaibli depuis plus d’un an. Les médecins m’ont demandé de suivre correctement le traitement.
Arrivez-vous à suivre les consignes médicales ?
Sincèrement, je fais beaucoup d’efforts pour respecter les consignes. Seulement que les médicaments me coûtent cher. Je suis un régime alimentaire très particulier. Pour la rééducation en semaine, je dépense plus de 100.000 fcfa. Sans compter les autres soins et mes charges mensuelles. Je n’ai plus les moyens pour suivre ma rééducation. C’était plus que ça. La séance de rééducation me coûte 10.000 fcfa à chaque visite. Le transport nous revient cher. Je fais la rééducation trois fois par semaine.
Avez-vous bénéficié une prise en charge pour les premiers jours ?
Je n’ai jamais reçu de prise en charge. Au début, le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, a dépêché Alain Tailly vers moi. Je reçois mes droits d’auteur du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Ndlr : Burida). En décembre dernier, le Burida m’a payé mes droits. Il y a mon collègue Jimmy Danger qui m’a beaucoup soutenu. Le footballeur international Serey Dié m’a appelé pour me réconforter. Ensuite, il m’a permis de couvrir mes frais d’hospitalisation. C’est grâce à ce bon samaritain qu’on a pu m’hospitaliser. Les gens pensent que nous recevons beaucoup d’argent.
Sérey Dié a-t-il des liens familiaux avec vous ?
Non. Il est venu de lui-même.
Sa femme : J’ai même demandé son numéro, il a refusé. Je ne sais pas comment lui dire merci. Je ne savais pas qu’il était un joueur. Il nous a confié qu’il a appris que son grand-frère est malade. C’est après que son gestionnaire nous a appelés pour nous remettre une enveloppe. Il ne voulait plus parler parce que les gens nous parlent mal après nos interventions. Cette situation fatigue aussi nos enfants à l’école. Leurs camarades se moquent d’eux.
Vos fans attendent votre retour. Comment ressentez-vous cela ?
La scène me manque. J’ai bien apprécié Bonjour 2018. J’aurai voulu participer à ce rendez-vous humoristique… Dès les débuts de maladie, j’ai reçu la visite d’Akissi Delta, Adrienne Koutouan et d’une délégation d’humoristes. (Ndlr : il cherche les noms). Magnifc, Kôrô Abou, Aziz, Agalawal, Kaboré, Digbeu Cravate, Beau, 2 côtés, Bulldozer et bien d’autres.
Avez-vous pensé que c’étaient des moments ultimes de votre vie ?
(Il baisse la tête). J’ai eu peur à un moment donné de ma vie. J’ai piqué une crise de diabète en octobre dernier. J’ai failli mourir. C’est un souvenir douloureux. Heureusement, je commence à me retrouver. J’aimerais que Didier Drogba m’aide. J’ai besoin de votre aide. Que tous ceux qui m’ont vraiment aimé, volent à mon secours.
Quel est votre passe-temps pendant cette période difficile ?
J’aime bien regarder les films de fiction. Souvent, je sors pour faire des marches au quartier. Il y a des moments où ma femme me fait sortir.
Entretien réalisé par
ADN